Somnolences s'inspire de tout et de tous, sans contrainte ni préjugé.
Somnolences est entièrement libre de propos et de réalisations.
" La Table donne de l'esprit aux niais, du caractère aux timides. Elle oriente nos humeurs vers l'optimisme, la courtoisie et la libérté. L'heure de la digestion est celle où tous les hommes se reconnaissent pour frères, où, dans l'azur des cigares exquis, leur entendement, de prime abord, élucide les problèmes dont la discussion a pour effet d'ordinaire de les mettre en courroux."
Petit Bréviaire de la Gourmandise, Laurent Thailade, 1914.
"Portez et développez en vous l'amour profond de cet Art Culinaire, générateur de vie, de force. Ne vous engagez pas machinalement, dans les sentiers battus. Etudiez, méditez, cherchez toujours, soyez des créateurs!..."
Les Eloges de la Cuisine française, Edouard Migon, 1938.
" Le café, par le contraste qu'il offre entre rêverie intérieure et monde extérieur, entre intertie du corps et mouvement de l'esprit, avec sa potentialité infinie d'histoires, est l'espace fantasmatique par excellence : dans son réalisme banal et quotidien soudain s'engouffrent toutes les fictions, tous les possibles d'une vie ouverte..."
Bistrot de Baudelaire à Picasso, Tout un monde les cafés de la nouvelle vague, Antoine de Baecque.
"Je voudrais seulement partager...l'incoercible optimisme dont je suis habité en ce qui concerne 1968. Et pourtant l'horizon n'est pas jojo. Ici et là dans le monde : affrontements meurtriers, bêtement meurtrier cruels, sadiques même; guerres injustes et sans espoir qui menacent à tout moment de tourner au génocide général. Quant-à ce qui se passe à l'intérieur du pays, parlons-en! Il faut remonter bien des siècles de notre histoire pour découvrir l'exemple d'un régime qui ait, avec autant de désinvolture "méprisé" l'entendement du plus grand nombre, la volonté populaire, de la drouatte à la gôche, que notre cinquième république athénienne. (Ce n'est point un politicard déçu ou blasé qui écrit ceci, mais un historien faisant métier d'objectivité patiente.) Et bien! Cela va marcher quand même, dans l'univers tavernier que nous représentons, j'en suis sûr et qu'on se le dise! "
Troquets de Paris, Éditions l’Échappée, 2016, Jacques Yonnet, 31/12/1967.
" Une seule table me suffisait, mais je tenais absolument à installer en plus un canapé lit. Si après un repas un client avait sommeil, il pourrait s'y allonger...
L'idée qui m'était venue c'était de traduire l'éventail des émotions avec des plats très sucrés ou très épicés.
Je voulais préparer un repas qui, comme la sonnerie d'un réveil, ranimerait ses cellules plongées dans une profonde léthargie, les galvaniserait."
Le restaurant de l'amour retrouvé, Ogawa Ito, Picquier Poche, 2013.
"Les humains et les champignons partagent de pareilles transformations ici-et-maintenant au coeur même de leur rencontre. (...) L'odeur du matsutake enveloppe et entrelace mémoire et histoire-et pas seulement pour les humains. Elle assemble de nombreuses manières d'être en un noeud chargé d'affects qui a sa propre puissance d'impact. Emergeant de la rencontre, elle nous montre l'histoire en train de se faire.
Respirez-là."
Le champignon de la fin du Monde, sur les possibilités de vivre dans les ruines du capitalisme, Anna Lowenhaupt Tsing, 2016.
" Tels durent être, par la nature des choses, les éléments du plaisir de la Table, qu'il faut bien distinguer du plaisir de manger...le plaisir de manger est la sentation actuelle et directe d'un besoin qui se satisfait.
Le plaisir de la table est la sensation réfléchie qui nait des diverses circonstances de faits, de lieux, de choses et de personnages qui accompagnent le repas. (...) Tels durent être, par la nature des choses, les éléments du plaisir de la Table, qu'il faut bien distinguer du plaisir de manger (...) le plaisir de manger est la sentation actuelle et directe d'un besoin qui se satisfait. Le plaisir de la table est la sensation réfléchie qui nait des diverses circonstances de faits, de lieux, de choses et de personnages qui accompagnent le repas."... La cuisine est le plus ancien des arts; car Adam naquit à jeun, et le nouveau-né, à peine entré dans ce Monde, pousse des cris qui ne se calment que sur le sein de sa nourrice... Un des privilèges de l'espèce humaine est de manger sans avoir faim et de boire sans avoir soif : et, en effet, il ne peut appartenir aux bêtes, car il nait de la réflexion sur le plaisir de la table et du désir d'en prolonger la durée... Que l'homme se repose, qu'il s'endorme ou qu'il rêve, il ne cesse d'être sous la puissance des lois de la nutrition, et ne sort pas de l'empire de la gastronomie... La réflexion est aux idées, ce que l'harmonie est aux sons... Et vous enfin, gastronomes de 1825, qui trouvez de la satiété au sein de l'abondance, et rêvez des préparations nouvelles, vous qui ne jouirez pas des découvertes que les sciences préparent pour l'an 1900 (...), vous ne verrez pas les importations que des voyageurs qui ne sont pas encore nés feront arriver de cette moitié du globe qui reste encore à découvrir et à explorer. Que je vous plains! "
Physiologie du goût, Brillat-Savarin, 1825
" Cuisiner est un acte de refléxion et d'action en un mouvement fluide. C'est naviguer dans nos sensations, se connnecter à elles, les tranformer. C'est un acte de transposition, entre différents ingrédients, la matière tangible et l'idée, le corps et l'univers, l'entiereté et la particule. C'est la transformation perpétuelle de la nature et de la culture, le fait de servir et d'être servi.
Cuisiner c'est l'enveloppe perméable entre le corps, les plantes, les graines, les microbes, le soleil, la lune et la planète Terre. Le processus perpétuel d'être enveloppé dans ce que nous sommes et ce que nous mangeons.
Cuisiner est un mouvement circulaire à la rencontre de l'autre."
Le corps est un univers miniature, Asako Iwama et Lauren Maurer, Studio Olafur Eliasson, En cuisine, Phaidon, 2016.