"La violence de notre époque est telle qu’il faut rompre avec l’existant. Il faut tout détruire pour tout reconstruire."E. Saulnier, Black Dancing Exposition, Palais de Tokyo, 2017.
PROJET / SCHIZO-VÉLO
Chariot-vélo, schizo-vélo?
Tous schizo? Pédaler dans la semoule... du nouvel usage du caddie pour repenser nos modes de consommation et production doit son nom à Bernard Stiegler, à la lecture de «Dans la disruption, comment ne pas devenir fou?»Remplacer, transformer, détourner le caddie, objet symbole de sur-production, sur-consommation pour dénoncer, rendre visible l'absurdité des discours et des pratiques. Un caddie plein, symbole de réussite sociale dans les années 80 se révèle représenter l'inverse aujourd'hui.
De la gastronomie en caddie:
Le caddie ce pharmakon, cette innovation vieille d'environ un siècle représente des pratiques de production et de consommation alimentaires hors propos. Marqueur social de réussite ou de pauvreté pour ces consommateurs, ces vendeurs ambulants. Nous avons choisi de faire correspondre son usage en son temps : une cuisine ambulante, gastronomique, autonome....
=> 9, 725 milliards : humanité en 2050 soit 2 milliards de bouches supplémentaires à nourrir en 2050.
=> 4 milliards : la production agricole ne pourra servir que 4 milliards de personnes si l’humanité suit les régimes alimentaires européens et américains composés à 40% de produits d'origine animale. => 175kg : biens comestibles par an jetés en moyenne par les restaurants, les détaillants et les ménages.
PROJET / MENU UNIVERSEL DES ÉMOTIONS
Création d'un catalogue des émotions par le prisme de la table :
Nos tables sont ce lieu d'investigations, de recherches et témoignages.
Il s'agit de récolter auprès de nos convives les aliments, les plats, les textures, les couleurs se référant à nos six émotions primaires pour imaginer la création d'un catalogue universel des goûts et ainsi mieux comprendre la structure de nos émotions par le prisme de la table.
Ce catalogue peut-il nous permettre de raconter le monde autrement, nos relations, nos liens économiques et sociaux tissés par l'acte de produire et de manger?
Quelle dimension universelle peut-on appliquer à la nourriture? Existe t’il un menu universel des émotions ?
Quelle relation entretient la cuisine, l’alimentation, la gastronomie…et nos émotions ? Quelle est la part consciente et inconsciente du goût, de l’acte de cuisiner et du partage à table ?
Références :
En 1825, Brillat-Savarin écrit la physiologie du goût, ouvrage de référence dans le domaine de la refléxion culinaire, du plaisir de la table...
En 1830 Antonio Damasio neurobiologiste portugais fait avancer considérablement nos connaissances sur le cerveau humain en concentrant son travail sur l’analyse des émotions. Les émotions jusqu’alors considérées comme les « accidents de l’âme » par la philosophie (Descartes) deviennent ces actions programmées qui modifient rapidement l’état de différentes parties de notre organisme en réponse à une opportunité ou une menace. Il définit les émotions comme des expériences conscientes généralement brèves et plus ou moins intenses qui impliquent une haute activité cérébrale et possèdent une valeur, qu’elle soit positive ou négative.
Les émotions deviennent peu à peu le centre des recherches scientifiques.
En 1970, Ekman et Friesen, deux psychologues américains publient un catalogue de 500 pages sur le système de codification des actions faciales (FACS) qu’ils considèrent comme les marqueurs faciaux de nos émotions. Ils classent ainsi plus de 7 000 expressions faciales en six grandes émotions commune à toute l’humanité : joie, tristesse, aversion/dégoût, colère, peur, surprise.
PROJET / LE POIDS DES TABLES
Poids des âmes à tables...
Pour renforcer notre démarche et propos, nous invitons chaque convive à oublier, les paiements en ligne, sans contact, par chèque, billets de banque, nous n’acceptons que les pièces de monnaie. Ainsi, 40 € c’est 20 pièces de 2 €, ou 40 pièces de 1€, ou 80 pièces de 0,50€…
Quel état d'esprit, quel effort cela implique chez le convive pour se procurer sa bourse de monnaie? Quels sont les freins subis par cet effort de monnaie? Le convive participe dans cet acte à l'observation de son implication ou soumission au virtuel.
Notre identité en question
À l'heure du tout numérique, du tout dématérialisé, des échanges sociaux, professionnels, amicaux, sexuels, monétaires... se pose la question de notre identité. Quelles traces l'individu laisse en conscience ou non? Comment se définit-il? Quelle est son identité?
La table impose une réalité des échanges, des usages, de la fonction nourricière...
Le poids des tables veut questionner la place de l'individu, son appréciation dans ces deux réalités imposées virtuelles et réelles choisies ou subies et la définition de son ou ses identités.
Chaque table pèse un poids différent, dont l’objectif est de produire la courbe poetico-culinaire de nos tables.
Ce projet est inspiré du concept de société liquide du philosophe zygmunt Bauman, qui nous invite à «se révolter par la créativité, l’écriture, l’engagement au plus près du monde».
PROJET / LUMIÈRES
Eclairer le cassé
Nos tables ont questionné notre rapport à la lumière. Comment s'éclairer à partir d'objets récupérés? Ces matériaux, ces objets cassés à table, dans la rue... abandonnés ou jetés sont devenus pour Somnolences des sources lumineuses.
S'éclairer du passé
Il s'agit de questionner notre rapport au temps passé, notre capacité de "destruction-abandon-transformation" par ces objets, ces pierres ayant perdus leurs fonctions premières... Le passé, ce qui est détruit... doit-il être source d'inspiration ou abandonné et oublié pour la création, la libre fabrication du futur? Cassé ou passé, la lumière questionne notre rapport au temps, passé, présent et à venir. La fabrication de ces objets inscrite dans une fonction utile, voir et manger ont marqué l'évidente complexité de la question posée, puisque ces créations n'ont pas suffit à éclairer totalement nos tables...